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© Crédit Photo : FFVB
Charlotte Canonge évolue depuis 2024 au sein de l'effectif France Avenir.
Pour 1MÊTRE90, elle a accepté de témoigner sur son parcours sportif de jeune athlète, sur son quotidien ses prochains objectifs.
Confidences également sur son enfance d'une tête de plus et sur ce qui la rend fière à ce jour.
© Crédit Photo : LNV
présentation
Prénom | Charlotte |
Nom | Canonge |
Taille | 2m06 |
Née le | 06 août 2005 |
Lieu | Avignon |
Nationalité |
|
Poste | Centrale |
Main | Droite |
témoignage
«
ENFANCE
Charlotte Canonge
« Je n'ai pas de souvenirs particuliers de mon enfance, c'est assez flou.
En maternelle, j'étais de la même taille que les autres enfants, ça c'est certain.
C'est en primaire, à partir du CE2, que j'ai grandi d'un coup. J'ai constaté moi-même que j'étais plus grande que les garçons, mais cela ne me choquait pas non plus.
La période du collège, par-contre, a été douloureuse à vivre. Dès mes 10-11 ans, j'ai été harcelée tant par les filles que par les garçons. Ils m'avaient pris pour cible, se moquaient.
Leur méchanceté me bouffait de l'intérieur. J'avais la boule au ventre en permanence. J'en ai parlé à mes parents, ils ont été très présents et à mon écoute. Tous deux mesurent 1m93, donc ils comprenaient mon mal être.
En plus de souffrir du jugement des autres sur ma grande taille, j'étais dyslexique ; mon niveau scolaire ne me permettait plus de continuer sur une 3ème générale et de passer le brevet. Nous avons rencontré le proviseur pour évoquer le fait que je change d'établissement. En fin de 4ème, tout le monde était d'accord, moi y compris, pour que je fasse une classe de 3ème « prépa-métiers ». Ça a été libérateur.
En seconde, j'ai intégré un lycée professionnel, en internat, à Lyon, en même temps que mon arrivée au Pôle Espoir de Lyon.
J'ai passé un BAC pro "Animation-enfance et personnes âgées" (AEPA). Cette voie m'a permis de faire deux stages : un dans une école primaire, puis un second dans un EPHAD. Pour mon évaluation de stage en EPHAD, je devais présenter un projet de mise en œuvre d'une animation : j'avais entrepris de faire découvrir et de faire jouer au Volley Ball les personnes âgées ! J'avais tout d'abord pensé qu'ils allaient être réticents et au final, non, bien au contraire, j'ai été surprise qu'ils aient joué le jeu. Ils m'ont même témoigné de la reconnaissance ! J'ai vraiment aimé transmettre mes connaissances ; cela m'apporté de la confiance en moi, moi qui étais très timide. »
DEVENIR VOLLEYEUSE
Charlotte Canonge
« J'ai commencé le Volley à 13 ans, dans le club de Tavel, je mesurais 2m00.
Avec mes parents, nous avions cherché quel sport pourrait le mieux me convenir en raison de ma taille. Moi, je voulais pratiquer un sport collectif. On a naturellement pensé au basket, mais ma mère en était dégoutée suite à sa propre expérience. On a alors pensé au volley et on s'est dit pourquoi pas essayer ?
J'ai vraiment été une débutante 'nulle' ! (rires) Mais j'ai vite évolué quand même !
Un an plus tard, un recruteur du Pôle Espoir de Lyon Volley Ball est venu nous voir jouer ; il m'a proposé de passer des tests pour intégrer le Pôle. Ils ont été concluants. De mon côté, j'ai commencé à comprendre que je tenais un truc et que je pouvais y arriver. C'est comme ça, qu'à 15 ans, je suis arrivée à Lyon. J'y ai passé 3 ans, en internat.
La première année, loin de mes parents, a été dure à gérer, je ne les voyais que le weekend, ça me rendait triste, j'étais déprimée. J'ai mis du temps à accepter cette séparation. La muscu tous les jours aussi, j'ai mis du temps à m'y faire ! (rires) J'étais très fine en arrivant, donc physiquement c'était dur.
J'ai aussi senti que le regard des autres sur moi était différent : au début, on m'a évidemment demandé combien je mesurais, puis c'est passé. Question d'âge et de maturité, je n'avais plus les réflexions que j'avais eu au collège. J'ai pu commencer à m'émanciper. »
PARCOURS SPORTIF
Charlotte Canonge
« À la fin de ma 2ème année au Pôle Espoir de Lyon Volley Ball - j'avais 16 ans -, le CREPS de Toulouse est venu assister à nos matchs d'interpoles avec Montpellier, Boulouris et Bordeaux pour repérer parmi les filles celles qui pourraient faire partie de la nouvelle sélection du Pôle France. J'ai été sélectionnée pour suivre un stage au cours duquel les psychologues du CREPS de Toulouse nous ont fait passer un entretien de motivation, des tests physiques, techniques et psychologiques. Ces derniers ont été concluants. Après le BAC, j'ai intégré le CREPS.
À nouveau, j'ai vécu ma 1ère année plutôt difficilement, j'étais dans un nouvel environnement, encore plus loin de ma famille et, physiquement, c'était également à nouveau dur ; j'avais mal au dos ; ma taille me soulait ; je n'étais pas bien. Mais aujourd'hui, ces sentiments sont bel et bien derrière mois. À force de communiquer avec les coachs, le staff médical, d'autres joueur·se·s plus expérimenté·e·s, on se rend compte que nombreux·ses jeunes Espoirs sont passés par ces mêmes émotions. Christina Bauer est une joueuse inspirante, un modèle. Elle est tout pour moi, j'aime son parcours, ce qu'elle est. Elle m'a aussi accordée du temps et appris des choses.
Mes parents, eux aussi, m'ont toujours encouragé à ne rien lâcher. Ils me disaient : "ce n'est que le début", "après tous les sacrifices que tu as faits, tu ne peux pas t'arrêter, réalise ta chance". J'ai eu effectivement besoin de prendre du recul pour prendre conscience de cela, que je ne suis pas ici par hasard. Il me fallait juste l'intégrer pour ne pas gâcher cette opportunité qui m'est donnée.
J'ai fait une année blanche au niveau de mes études pour ne me consacrer qu'au volley car il occupait sur le moment toutes mes pensées. Depuis septembre, j'ai repris parallèlement l'école et suis un CAP "Esthétique Cosmétique Parfumerie" et ça me plait. Il n'y a pas de contrainte professionnelle liée à ma taille donc c'est parfait, tout va bien ! (sourire) C'est ma 2ème année au Pôle France et j'ai intégré l'Équipe de France des - 18ans. Tout me convient vraiment maintenant ! J'aime mon sport, je vis mon sport. Je sais aussi que je dois encore consolider mes bases avant d'être prête à partir jouer en club et devenir pro, mais c'est mon objectif, c'est certain. »
FIERTÉ
Charlotte Canonge
« En début d'année 2024, j'ai vécu ma 1ere victoire sous les couleurs de l'Équipe de France. J'en suis très fière et mes parents aussi, ils ont eu raison de m'encourager. On n'est que 24 filles sélectionnées au Pôle France sur la centaine de joueuses en France.
La leçon que j'ai apprise de mon début de parcours est que, quand on joue en haut niveau, on ne peut plus vivre son sport comme un loisir, mais on doit s'autoriser à prendre du plaisir, toujours. Si tu fais du sport, mais que tu ne prends pas de plaisir à le faire, c'est ce qui fait que tu te sens mal. L'étape de comprendre cela, il faut la passer et après on se sent mieux. J'ai commencé le Volley à 13 ans en n'y connaissant rien du tout, jamais je n'aurais imaginé que 6 ans plus tard je serais là où je suis. »
QUOTIDIEN
Charlotte Canonge
« Mon quotidien … Quand j'ai commencé le Volley Ball, je n'avais aucune technique. Pour les coachs, c'était aussi la première fois aussi qu'ils avaient une fille aussi grande à former. Au début, je faisais des exercices un peu différents des autres filles, puis au bout de trois mois, j'ai suivi les mêmes séances d'entraînement que les autres joueuses.
En ce moment, mes semaines ressemblent à celle-ci : Lundi entraînement de 17h à 19h30, on fait 1h15 de Volley pur et 1h15 de musculation. Le mardi comme le jeudi, on fait 1h d'entraînement spécifique le matin, c'est-à-dire qu'il est pensé en fonction du poste que l'on occupe sur le terrain ; les après-midis on fait de musculation entre 14h30 et 16h, de 16h à 17h, on fait de l'analyse de match à partir de vidéo et de 17h à 19h on joue au VB. Les mercredis, on joue de 14h à 16h. Les vendredis de 14h à 15 h, c'est muscu et VB de 15h à 17h, excepté lorsque l'on part en déplacement pour jouer un match à l'extérieur ; dans ces cas-là, on fait le trajet en train, en avion ou en minibus et quand on arrive en fin de journée ou le soir, on s'entraîne.
Le samedi est le jour dédié aux matchs ; généralement les matins on fait 1h de 'décrassage' avant les matchs. Le dimanche, c'est jour de repos ou de retour à Toulouse. Et enfin, le reste du temps est consacré aux études. Et quand c'est le temps des études… Tu étudies, t'es à fond dedans ! (rires)
En déplacement, mon seul rituel est de mettre mes écouteurs. Il me les faut absolument, surtout le matin quand on part tôt, vers 5h30. Comme il me faut du temps pour émerger, je préfère rester dans ma bulle dans un premier temps. C'est uniquement quand on arrive sur place que je deviens 'volleyeuse' en mode 'combattante' ! (sourire)
Je me suis rendue compte que le regard des gens sur moi était différent quand je porte ou non le sweat avec écrit "Pôle France" dessus. Quand je sors en ville et que je ne le porte pas, j'entends un peu plus souvent des mots, des réflexions sur ma taille. Quand je me promène avec ma mère, elle, les propos méchants ça l'irrite et contrairement à moi, elle va plutôt être dans la volonté de ne rien laisser passer. Moi je suis plus en mode à lui dire "laisse on s'en fout"... C'est dérangeant, parfois irrespectueux, mais cela ne me blesse plus. Je me dis qu'après tout c'est normal, tout le monde n'est pas grand comme nous, notre taille interpellera toujours d'une façon ou d'une autre.
Par-contre, quand je sors avec les filles du Pôle France, on reçoit une forme de considération positive de la part des gens. On est une bande de grandes - même si je suis la plus grande de l'effectif, entourées par le staff du CREPS, les kinés, etc. On nous regarde, mais les remarques sont limitées, on porte le maillot "France", cela met de la distance. Quand je le porte - pour moi c'est une fierté déjà -, mais je sais qu'on me regarde finalement comme une personne normale, une athlète certes 'grande', mais normale.
Récemment, j’ai purgé mon Instagram pour repartir sur des bases exclusivement sportives. Avec une amie - plus petite que moi -, nous avons fait des millions de vues sur TikTok, mais les commentaires étaient vraiment déplacés, parfois méchants. On a donc décidé de lever le pieds pour se protéger finalement. Les gens n'ont aucune gêne à proférer des insultes. Et puis ma vraie nature est d'être timide donc j'apprends à maîtriser mon exposition médiatique surtout sur les réseaux.
Ce qui peut me faire râler des fois ?!… Prendre le métro à Toulouse ! C'est galère, il faut toujours se baisser la tête… Sinon, si j'avais une baguette magique, mon rêve serait de trouver des jeans à ma taille dans les boutiques à proximité de chez moi ! Plus jeune, j'avais le look d'un garçon manqué, aujourd'hui, j'ai envie d'être féminine... »
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1MÊTRE90 remercie Charlotte Canonge de son partage d'expérience ; vous pouvez la suivre sur les réseaux sociaux suivants : https://www.instagram.com/_charlottee06/
https://www.facebook.com/charlotte.canonge
1MÊTRE90 remercie également la Fédération Française de Volley (http://www.ffvb.org/) et la Ligue Nationale de Volley (https://www.lnv.fr/accueil) pour les photographies de Charlotte présentes dans ce sujet.
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