LE WEB MAGAZINE DES GRANDES PERSONNES
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x témoignage
© Crédit Photo : DDaguierCD50 - Département de la Manche
Julien Madelaine évolue depuis 2024 au sein du Club Manche.
Pour 1MÊTRE90, il a accepté de témoigner sur son parcours sportif de jeune athlète, sur son quotidien ses prochains objectifs.
Confidences également sur son enfance d'une tête de plus et sur ce qui le rend fier à ce jour.
© Crédit Photo : Max Pariset
présentation
Prénom | Julien |
Nom | Madelaine |
Taille | 1m95 |
Né le | 19.02.2006 |
Lieu | Saint-Lô |
Nationalité |
|
Disciplines |
Kayak Course en ligne Kayak Polo |
palmarès |
Équipe de France 2020-2024
15 médailles au championnats de France |
|
2019 |
Championnat de France |
Kayak-Polo U15 - 1er |
Coupe de France |
Kayak-Polo U15 - 1er |
2020 |
Championnat de France |
Kayak-Polo U15 - 2ème |
2021 |
Open de France |
K1 x 200 m -16 ans - 2ème |
K1 x 400 m -16 ans - 2ème |
K1 x 1000 m -16 ans - 4ème |
Championnat de France |
K1 x 200 m - 1er |
K1 x 500 m - 1er |
K1 x 5000 m - 1er |
K2 x 200 m - 1er |
K2 x 5000 m - 7ème |
K4 x 200 m - 4ème |
Olympics Hops |
K1 x 200 m - 1er |
K1 x 1000 m - 4ème |
K4 x 200 m - 4ème |
K4 x 500 m - demi-finale |
Championnat d'Europe |
K4 x 500 m - demi-finale |
Championnat du Monde |
K4 x 500 m - demi-finale |
2022 |
Championnat régional |
K1 x 200 m - 1er |
K1 x 5000 m - 1er |
Championnat de France |
K1 x 500 m - 1er |
K1 x 5000 m - 1er |
Olympics Hops |
K1 x 200 m - 4ème |
K2 x 500 m - 5ème |
Championnat d'Europe |
K4 x 500 m - 8ème |
Championnat du Monde |
K4 x 500 m - 9ème |
2023 |
Championnat de France |
K1 x 200 m - 1er |
K1 x 500 m - 1er |
K1 x 5000 m - 1er |
K1 x short race - 1er |
K2 x 200m - 3ème |
Championnat d'Europe |
K1 x 200 m - 7ème |
K2 x 500 m - 18ème |
Championnat du Monde |
K1 x 500 m - 19ème |
K4 x 500 m - 14ème |
2024 |
Championnat de France |
K1 x 200 m U23 - 3ème |
K1 x 500 m U23 - 8ème |
K2 x 200 m Sénior - 5ème |
K2 x 500 m Sénior - 15ème |
K4 x 200 m Sénior - 5ème |
K4 x 500 m Sénior - 5ème |
témoignage
«
ENFANCE
Julien Madelaine
« Je suis né à Saint-Lô en Normandie. Enfant, j'ai pratiqué beaucoup de sports, ce qui rendait mes parents un peu fous d'ailleurs ! J'ai fait de la Gym, du Judo, du Handball, de l'Escrime et du Volleyball aussi. Je suis quelqu’un d'hyperactif. Rester assis sur une chaise, ce n'est pas pour moi, j'ai tout le temps besoin d'être dans le mouvement.
Mis à part de petits problèmes de dos durant ma croissance, je n'ai pas souffert de ma grande taille. Le sport a même été un bon moyen de renforcer mon dos et de me prémunir de certaines blessures touchant plus fréquemment les grands. J'ai, par exemple, appris très tôt à adopter des postures simples : au quotidien, quand je dois soulever quelque chose, je me baisse avec les jambes ; je fais toujours ainsi, cela se fait naturellement.
C'est vers 3-4 ans que je me suis rendu compte que j'étais plus grand que les autres. En fait, j'ai décollé assez tôt en croissance, mais me suis aussi arrêté assez tôt. C'est en 3-ème /2-nde, à 14-15 ans, que j'ai atteint ma taille actuelle, 1m95. Mes parents sont assez grands, mon père mesure 1m88, ma mère aussi est grande, mais je ne sais pas combien elle mesure, alors je ne veux pas dire de bêtises ! (rires) J'ai compris aussi très jeune que ma grande taille était un avantage car les gens qui me voyaient me prenaient généralement pour quelqu'un de plus vieux… Et pour moi qui aies toujours aimé me dépasser, c'était très bien car, en sport, j'étais avec des gens de trois ans de plus. Je devais faire pareil qu'eux et ça me plaisait, me challengeait ! » (sourire)
DEVENIR KAYAKISTE
Julien Madelaine
« J'ai découvert le Kayak quand j'avais 9 ans. Avec mon père, nous faisions du vélo le long de la rivière où le club de Condé-sur-Vire jouait un match de Kayak Polo. J'ai eu tout de suite des étoiles plein les yeux en les voyant faire ! Le jeu était rapide, c'était très plaisant. Le Kayak Polo est un sport où deux équipes de cinq joueurs, chacun dans un kayak, s'affrontent avec un ballon sur un plan d'eau rectangulaire pendant deux mi-temps de dix minutes. Les joueurs se passent la balle à la pagaie ou à la main. L'équipe gagnante est celle qui marque le plus de buts. C'est un peu un mix du kayak, du basket, du hand et du rugby ; les buts sont suspendus à deux mètres au-dessus de l'eau.
J'ai dit à mes parents que je voulais débuter le Kayak. Ils m'ont dit : "T'es vraiment sûr-sûr ? Parce que l'été, oui, c'est sympa l'été, mais en hiver c'est autre chose, il fait froid, tu ne vas pas changer d'avis ?..."
J'étais sûr de moi. J'ai pris une licence à l'ASEV à Condé-sur-Vire. J'ai eu la chance d'avoir pour coach Thomas Tapin ; il nous transmettait à la fois les bases et sa passion. Il nous donnait le choix de nos embarcations, ce qui nous a permis de nous familiariser avec toutes les techniques. Nous, on voulait tout essayer !!! Il était vraiment très patient avec nous. Il nous a initié au slalom (comme le champion olympique Tony Estanguet = porte dans le courant), à la descente (descendre le plus rapidement possible), au kayak polo (Thomas était un ancien joueur de l’Équipe de France) et à la course en ligne (avec Sylvie Asselin, qui est ma coach actuelle dans cette discipline). On a également pu faire des mini stages en mer (avec Frédéric Saulnier, qui, lui, est aujourd'hui mon coach en kayak polo). Le maître mot était de s'amuser ! On faisait aussi des petites compétitions régionales. La plus réputée est la FRAJ (Final Régional Animation Jeune) au cours de laquelle tous les départements de la région s’affrontent. C'est donc une compétition par équipes. Pour s’y préparer, il y avait un regroupement une fois par mois avec d'autres jeunes d'Avranches et Carentan, l'ambiance était sympa. Lors de ma 1ere année, j'avais 10 ans, le département est arrivé premier et moi-même je suis arrivé premier de la première course et second de la seconde !
À 12 ans, j'ai choisi de me spécialiser en Kayak Polo car c'est ce qui me plaisait par-dessus tout ! Oui, à mes débuts, je n’aimais pas du tout faire de la course en ligne ! - (rires) J'ai évolué en tant que gardien. Ma spécialisation en Kayak de course en ligne est venue à 14 ans. »
PARCOURS SPORTIF
Julien Madelaine
« À 12 ans, j'ai eu la chance d'intégrer le Dispositif Régional d'Excellence (D.R.E) pour pratiquer le Kayak Polo. Maxime Gohier, multiple champion du monde de la discipline, était mon coach et cela me motivait ! C'est à ce moment précis que j'ai pris conscience que je devais m'entraîner sérieusement et quotidiennement, à raison de sept fois par semaine, aller à la salle, etc., pour pouvoir atteindre le haut niveau. J'avais 13 ans en 2019 et c'était devenu mon objectif. Toute cette atmosphère autour du haut niveau me plaisait.
L'année suivante, Maxime Gohier a quitté son poste - j'étais un peu triste, déçu, de son départ -. L'organisation et la pédagogie de la région (avec Isabelle Jegoux pour coach) m'ont donné l'opportunité d'évoluer ; on m'a donné un bateau, une pagaie et inscrit à une régate 'Espoirs' pour les Championnats de France des minimes… Sans aucune pression, j'ai fait 2ème au 500 m en K1 en ligne. J'étais surpris et content de mon résultat ! Sylvie Asselin (coach du club de Course en ligne de Condé-sur-Vire) m'a proposé de rencontrer le coach Mathieu Le Sénéchal en vue d'intégrer le Pôle. Pour me convaincre, elle m'a dit "tu vas voir c'est un drôle de phénomène, il est très cool". Je l'ai rencontré et il m'a effectivement convaincu. Il m'a convaincu parce qu'il ne m'a pas dit "vient tu vas t'entraîner dur", il m'a dit "viens tu vas t'entraîner dur, mais tu vas surtout t'amuser". C'est cette approche du sport, ce raisonnement similaire au mien qui m'a plus. Et puis, le dispositif du Pôle convenait aussi bien à mes parents qu'à moi car, en plus de la vision sportive proposée et de la notion de plaisir prise en compte, il était clair que je serais bien encadré pour étudier et obtenir mon baccalauréat grâce au Centre Sportif de Normandie (CSN). En entrant au Pôle, on a tous conscience dès le départ que, même si on rêve de vivre de notre sport, on se doit de rester lucide : s’il y en a un d'entre nous qui peut y prétendre en fin d'année, c'est déjà une probabilité et une chance énorme.
Je suis entré au Pôle à 14 ans, je mesurais 1m95. J'avais aussi une année d'avance sur ma scolarité.
Durant mes trois années au lycée, de la seconde à la terminale, j'ai fait partie de l'Équipe de France Junior de Kayak. Les deux premières années, j’étais cadet en Équipe junior, ce qui est rare. Dès la première année, j'ai énormément progressé. J'évoluais avec les juniors U16, mais pendant les entraînements et, selon les séances, on était mélangé avec les U20, on faisait des groupes pour s’adapter au niveau et à la fatigue de chacun, ...
J'ai participé aux Open de France, aux Championnats de France, aux Championnats d'Europe et aux Championnats du Monde.
Parmi mes meilleurs souvenirs, il y a eu toute notre préparation en 2020 et notre participation en 2021 pour les Olympics Hops. La fédération avait un gros budget pour nous permettre de bien nous préparer. Le kayakiste médaillé olympique Maxime Beaumont a été l'un de nos coachs ! On a fait des stages d'équipages, on est allé naviguer sur le site de Vaires-sur-Marne (où les Jeux Olympiques de Paris se sont déroulés), on a aussi fait un stage de ski de fond... C'était dingue à vivre. Avec Jules Brecin, Martin Lanée, qui sont de très bons copains, on a su légitimer notre présence dans le collectif France des - 16 ans (j'avais 14 ans et eux avaient respectivement deux ans et un an de plus). C'est de beaux souvenirs, une fierté aussi. Moi qui ai débuté en Kayak Polo, je me suis retrouvé 5 ans plus tard aux Olympics Hops en Pologne à me battre dans un sport de Sprint ! J'ai fait 1er au K1 200m en environ 38 secondes ! Suis arrivé 4ème au 1000m en 3 minutes 50 ! C'était inespéré, incroyable. Au K4, nous sommes arrivés 5ème au 200m. J'ai fait des choses auxquelles je n'étais pas préparé. Je m'étais dit que si le coach croyait en moi, alors j'avais toutes les raisons de me donner ! On m'a juste dit fonce, j'ai foncé, je n'ai rien calculé et j'ai pris du plaisir. Mais c'est aussi dur de gagner et rester les pieds sur terre ! Les victoires rendent fou, euphorique.
Aux Championnats d’Europe, qui ont suivi, en 2022, et, qui sont d'un tout autre niveau, nous sommes arrivés 8ème au 500m. On a pris du plaisir et on a donné le meilleur de nous même.
Mais la réalité du haut-niveau nous a été rappelée : arriver 8 -ème, c'est bien, ça passe, mais arriver au-delà, à une seconde près, c'est dire au-revoir aux subventions, perdre la chance d'être reconnu comme athlète pro par le Ministère des Sports, perdre des droits, perdre des cotisations retraites, perdre en crédibilité face aux sponsors, en crédibilité quand on postule pour une école, etc. Une seconde de retard peut changer la vie de quelqu'un. Une seconde peut impacter une vie d'athlète.
C'est à ce moment-là de mon parcours que la pression est entrée dans ma vie et, avec elle tous ces enjeux autour du sport. La notion de plaisir dont je parle beaucoup est passée à la trappe.
En 2023, je suis parti faire les Championnats du Monde, la boule au ventre. On était stressé, la charge mentale était trop forte. Du coup, j'ai vécu un vrai flop : on a fait 15 -ème au K4 x 500m et pour ma part, au K1 x 500m, j'ai fait une mauvaise série, une mauvaise demi-finale, j'ai terminé à la 19 -ème place, gagnant de la finale C.
En désaccord avec le coach, j'ai choisi de quitter le Pôle. Le directeur m'a encouragé à trouver une formation qui me plaise et qui surtout me permette de continuer à m'entraîner. J'ai tout d'abord pensé à kiné, pour rester dans le monde du sport, mais au final, j'ai choisi de m'investir à fond dans des études agricoles, qui me passsionnent vraiment. J'ai alors pris les chemins de l'école en cours d'année, en octobre 2024.
Je suis alors passé de trois entraînements par jour à zéro. L'arrêt a été compliqué, je ne dormais plus, mon corps avait trop d'énergie et en redemandait tout le temps.
Je suis resté un presque an sans naviguer ; je pense que ça m'a fait du bien. En janvier 2024, l'envie était encore là, j'éprouvais fortement le manque, alors je suis retourné pagayer. J'ai repris la musculation régulièrement. Le plaisir est revenu.
J'ai reparticipé aux Championnats de France et suis arrivé 3ème au K1 x 200 m, et sans grosse préparation. Entre fin mai 2023 et juillet 2024, je n'avais finalement navigué qu'une dizaine de fois dans un kayak !...
Et là, je me suis dit : "Ah oui ...J'en ai encore sous le pied, j'ai un potentiel réel à travailler !..."
Aujourd'hui, ma motivation est clairement revenue, le plaisir est revenu ! Je me fixe de nouveaux objectifs, de beaux objectifs. »
FIERTÉ
Julien Madelaine
« De ce que j'ai appris de mon parcours jusqu'à présent, c'est que la réussite d'un athlète dépend vraiment de son entourage.
Il n'y a pas que la préparation physique qui compte, il y a aussi tout le mental autour qui joue, les encouragements, le bien-être, le plaisir, etc. Je sais qu'à chaque fois que je performe bien c'est parce que j'ai su m'amuser, sans me mettre la pression à cause d'un enjeu.
Je mesure aussi ma chance au cours de ces années écoulées.
Je mesure la chance d'avoir débuté et évolué au Centre Sportif de Normandie, où j'ai pu m'entraîner dans des infrastructures de qualité et avec des coachs, aussi, de qualité. J'ai côtoyé de grands athlètes, les conditions étaient optimales ! J'avais même un lit plus grand que les autres, adapté à ma taille ! Des kinés, un diététicien, s'occupaient de nous. À la cantine du CNS, j'avais le droit à plus de fromage blanc que les autres ! (rires) J'en rigole, mais aujourd'hui, je sais calculer seul la matière protéique dont j'ai besoin à chaque repas en fonction de ma morpho, par exemple. J'ai appris les bases que tout athlète pro connait.
Au Pôle Espoir Canoë-Kayak de Caen-Normandie, je suis vraiment content d'avoir rencontré Sylvie Asselin, sa coach responsable. Elle a été le moteur de mon parcours. Là-bas, en termes d'évolution c'était le top, j'ai rencontré de nouvelles personnes, échangé avec d'autres professionnels du sport… Côtoyer un environnement très pro, ça fait vraiment grandir, en plus de laisser de bons souvenirs. J'ai évolué en Équipe de France et au ssi eu la chance pendant trois ans de participer aux Étoiles du sport. Ma rencontre avec le champion d'Escrime Romain Cannone est l'une des plus marquantes car il a vraiment pris le temps de nous partager son expérience d'athlète.
Le sport est une expérience de vie qui n'apporte pas que la médaille.
J'ai appris à m'exprimer aussi. Je me souviens à 14-15 ans, les premières fois où je devais m'exprimer avec un micro, je bégayais littéralement. J'ai appris à être à l'aise à l'oral, à prendre la parole sans aucun complexe, à me vendre aussi ; ça m'aide clairement aujourd'hui pour porter des projets persos à l'école ou pour démarcher des sponsors. Quand tu sais t'exprimer, on t'accorde de l'attention et de la confiance, c'est un tout.
Question études, j'ai aussi eu la chance d'avoir été soutenu par des supers profs qui m'ont permis de réussir mon BAC général math/physique. Et ce n'était pas gagné. Lors de ma dernière année au lycée, le lycée Laplace a fusionné avec le lycée généraliste Dumont-D'Urville ; d'une classe où on était 20, on est passé dans une classe de 32. Beaucoup de profs ne comprenaient pas nos heures d'absences, environ 400 heures pour ma part. Ils voulaient que je refasse mon année, quand d'autres, plus conciliants, m'ont donné des cours de soutien. Deux - trois semaines avant le BAC, j'ai révisé à fond avec l'aide de ma prof de math du Centre Sportif de Normandie. Sans cet accompagnement, avec le rythme des entraînements, jamais je n'aurais eu mon BAC. Ma mère, surtout, était en panique ! (rires) Mais, j'ai eu une mention assez bien au final. (sourire)
Aujourd’hui, j'évolue au Club Manche, qui est constitué d'une 'team' accompagnant tout un ensemble de sportifs. Toute l’équipe est derrière moi pour me soutenir dans mon projet professionnel et m'aider à atteindre mes nouveaux objectifs. Je suis assez cohérent et en phase avec mon double projet sport et études. Sportivement, mon objectif serait de rejoindre la 'Team Normandie', la team régionale. Oui la Team régionale ce serait plutôt top !... En tout cas, je vais y bosser pour. Repasser les sélections pour entrer en Équipe de France, pour l'instant, je ne me pose pas la question. Je préfère me positionner sur le championnat de France pour aller chercher ma place en K2 et K4, 200m et 500m, en K1 x 200 & 500m, ça, ça me motive.
J'échange beaucoup avec l'ancien kayakiste Sébastien Jouve, Triple champion du monde de kayak et multi sélectionné aux JO, qui est à Caen avec moi. J'ai confiance en lui, il fait partie de mes mentors. Avec lui, je sais que je peux privilégier à la fois le plaisir du sport et mon avenir pro. Maxime Beaumont est aussi quelqu'un de bien. En 2023, j'ai abandonné le kayak, en 2024 j'y suis revenu en allant plus vite. Si je suis encore là, à ce niveau, c'est parce que les seniors ont pris de leur temps pour partager leurs expériences et me conseiller. J'en profite pour remercier tous les gens bienveillants qui s'investissent pour nous accompagner.
Un conseil aux lecteurs·trices qui liront mon témoignage : foncer ! Faites du sport pour vous ! »
QUOTIDIEN
Julien Madelaine
« Aujourd’hui, je suis en internat dans un lycée agricole pour passer un BTS en vue d'intégrer une école d'ingénieurs : mon objectif c'est L'ESA à Angers. J'adore le milieu agricole. Le cousin de mon père a une ferme. Depuis petit, je suis passionné par la vie qu'il mène. Même si le monde agricole est en crise, je m’imagine un jour reprendre une exploitation ; en tout cas je fais le nécessaire pour que cela arrive un jour, même si c'est dur. Je suis déjà propriétaire de deux vaches, dont je m'occupe dès que j'ai du temps de libre. J'aime m'activer à la ferme, y être utile, aider à faire du bois, etc. Ma passion pour le métier d'agriculteur est aussi forte que ma passion pour le kayak.
Côté sport, même si je performe en mono-kayak, je reste avant tout un fan d'équipage ; ma discipline favorite est le K4 x 500m. Je comprends complètement Maxime Beaumont, lorsqu'il dit que "quand on navigue seul le plaisir est divisé par 4, alors qu'en équipage il est multiplié par 4". C'est vrai ; je prends du bon plaisir en monoplace, mais j'aime surtout naviguer en équipage, même si j'ai un style compliqué ! (rires) Compliqué dans le sens où c'est difficile de trouver des gens qui pagaient de manière identique : il faut sortir de la puissance, le bateau est lourd, il faut trouver le rythme, etc. Moi, j'aime la rapidité, produire de l'explosivité, plutôt que d'être régulier sur la longueur… Personnellement, j'ai peu de cadence, mais beaucoup de force et beaucoup d'appui : c'est super d'avoir de longs bras, on traîne sur la longueur, on a plus de portance, on est plus impactant. Mais c'est vrai que c'est aussi plus dur pour le corps… J'aime moduler, nuancer le style, alors trouver l'uniformisation quand on pagaie collectivement, synchroniser nos différents styles, c'est plus challengeant à atteindre, donc plaisant.
Une semaine type, c'est navigation quatre fois par semaine, les lundis et mardis matins mono-kayak pendant 1h15-1h30, les mercredis après-midis équipage pendant 2h00 et le samedis après-midis Kayak Polo pendant 2h00. En complément, je fais de la musculation le mardi matin et soir, plus le mercredi matin. Je fais ma routine d'échauffement, des tirages planches et des développés couchés ; pendant mes temps de récupération je fais du TRX, du ballon, des élastiques, beaucoup de renforcement. Quand j'ai débuté à 13-14 ans, je mesurais déjà 1m95 pour 75 kg, aujourd'hui je pèse 95 kg, j'ai pris 20 kg de muscles et pas que malheureusement ! (rires)
J'ai par-contre horreur de courir, dans ces cas-là, il faut me challenger mais je me suis rendu compte que mon rythme d'entraînement/ de vie ne convenait pas à tout le monde ! Quand, à l'internat, je dis à mes potes "si tu veux demain quand je me lève, je te réveille et tu viens en muscu avec moi", ils me répondent souvent "t'es con toi ou quoi, t'es un fou en fait, non ?!!" (rires) Alors, je me sens parfois un petit peu en décalage avec mes eux ! Mais c'est aussi vrai sur d'autres points, j'ai compris cela en faisant un parallèle avec ma vision du sport : en général, les étudiants sont là pour avoir leur diplôme, comme des athlètes sont là pour décrocher une médaille, alors que moi je suis là pour "vivre l'expérience" de l'apprentissage.
Côté confort quotidien en raison de ma taille, dans le contexte actuel, l'environnement tel qu'il est n'est pas optimal : mon lit à l'internat n'est pas du tout adapté, ce qui est servi à la cantine n'est pas non plus optimal …
Heureusement, j'ai la chance que mes grands-parents soient sur Caen, quand j'ai besoin de plus de confort, je sais que je peux aller me réfugier chez eux ! J'optimise aussi beaucoup mes temps de déplacements pour ne pas me fatiguer inutilement lors des trajets. J'avais dernièrement la possibilité de partir m’entraîner en Espagne, mais le retour se faisait un dimanche et le lundi matin j'avais un examen ; donc je préfère pour l'instant me consacrer pleinement à mon projet pro, à mes études et j'organise mes semaines en fonction de cela. Les temps de récupérations ne doivent pas être négligés. Je n'ai plus de kiné à ma disposition, sauf à mes frais … Ce qui a un coût ; j'ai aussi un pistolet massant, c'est plutôt bien.
J'ai aussi souvent, du fait de ma taille, rencontré des problèmes de matériels, c'est vrai.
Les pagaies m'ont souvent donné des douleurs aux avant-bras. Du coup, en guise d'astuce, j'ai changé le manche de ma pagaie par un manche fixe au lieu d'en utiliser un vario et je préfère pagayer avec des grosses pagaies de 2m22 car leurs grandes longueurs, la surface de la palle plus grande et leur rigidité me permettent d'aller tirer plus loin, mais c'est comme si je tenais une barre de musculation au final !
J'adore tester, changer de matériels régulièrement. Mon gabarit ne me permet pas non plus d'être à l'aise dans tous les bateaux et j'en ai testé beaucoup !... Alors, je dérègle les sièges, les barres à pieds, etc. Je positionne tout le temps le calage par rapport à ma taille. En mono-kayak, j'ai les tibias qui frottent donc je dois m'asseoir un peu plus en arrière. Je me suis aussi déjà tâté à découper le rail (rires) Je m'adapte. À mes débuts, je ne faisais pas beaucoup d'équipage avec les enfants de mon âge car ils faisaient tous 1m70-1m75 et utilisaient un bateau 'ML', pas du tout adapté pour moi. Aujourd'hui, en équipage, je navigue sur un L ou XXL. En monoplace, j'utilise un double XXL, le graal !!! J'ai découvert ce confort quand j'ai eu 15 ans et que j'ai récupéré un ancien kayak de Maxime Beaumont, qui était mon coach à mes derniers Olympics Hops. Investir dans un kayak neuf adapté à ma taille coûterait à minima 4 500 €, donc c'est une vraie réflexion.
Pour l'anecdote, quand à mes débuts, le club m'a prêté un kayak ayant appartenu à Maxime Beuamont, les gens qui me regardaient naviguer avec riaient de moi : j'étais un ado dans un bateau jaune pétant de senior avec un gilet (c'est une obligation d'en porter un quand on est minime) et moi, en plus, j'utilisais celui que j'avais pour le kayak polo avec un numéro dessus -, rien à voir, mais je m'en foutais car je trouvais ça cool, ça me donnait un look plus tôt fun, marrant ! (rires) Il ne faut vraiment pas se prendre au sérieux ! »
»
1MÊTRE90 remercie Julien Madelaine de son partage d'expérience ; vous pouvez le suivre sur son compte Instagram : https://www.instagram.com/julien.madelaine/
1MÊTRE90 remercie également le Département de la Manche (https://www.manche.fr) et Max Pariset (https://www.instagram.com/max_pariset/) pour les photographies de Julien présentes dans ce sujet, ainsi que le Centre Sportif de Normandie (https://www.sport-normandie.fr/)
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