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interview - portrait
Publiée le 02 avril 2024.
© Thibault Maunoury
© Thibault Maunoury
Thibault Maunoury est un acteur & cascadeur français, né en 1998.
Chutes, cascades en voiture, en moto, parkour, escrime, combats à l'arme blanche ... rythment son quotidien.
Pour 1MÊTRE90, Thibault a accepté de se confier sur son parcours, au travers du vécu de sa grande taille : 1m94.
Retour sur son enfance ; sa passion pour les arts martiaux et le montage vidéo, à l'origine de son parcours pro ; ses premières expériences métiers tant au cinéma que dans des spectacles d'action ; mais aussi des anecdotes sur les coulisses de sa vie & son actualité !
© Thibault Maunoury
On peut dire qu'aujourd'hui je "checke"
le gamin que j'étais ... Enfant, je rêvais devant le Seigneur des Anneaux, aujourd'hui, je participe aussi bien à ce genre de projets cinématographiques, qu'à des spectacles d'action incroyables ... Et c'est trop bien !
On peut dire qu'aujourd'hui je "checke" le gamin que j'étais ... Enfant, je rêvais devant le Seigneur des Anneaux, aujourd'hui, je participe aussi bien à ce genre de projets cinématographiques, qu'à des spectacles d'action incroyables ... Et c'est trop bien !
Quel enfant étais-tu ?
Thibault Maunoury : « Ah oui la question, oh ... Ok ... (rires). Alors mis à part que j'étais grand ..., mon réel handicap enfant était plutôt d'avoir vécu des otites à répétition qui impactaient énormément mon audition. À cet inconfort, j'ai aussi subi ma dyslexie.
À la maternelle, comme en début de primaire, j'étais la définition même de la timidité. Disons que je n'osais pas parler, communiquer avec les autres. J'entendais tellement mal que je me sentais comme enfermé dans une cage ... comme dans un scaphandre. J'étais dans une bulle. À la récré, je m'isolais, j'aimais m'asseoir quelque part à l'écart et partir dans mes pensées. Puis progressivement, j'ai manifesté de l'hyperactivité, certainement à force d'intérioriser mes émotions. Pour me canaliser, mes parents ont essayé de m'occuper avec des livres, mais rester assis était beaucoup trop dur pour moi ; je préférais courir dans tous les sens pour éprouver un sentiment de liberté que je n'avais pas et ne pouvais avoir à l'école.
En classe, je n'étais pas un enfant turbulent, mais très dissipé parce que j'avais du mal à entendre. La maîtresse pensait de moi que j'étais un élève 'débile'. J'ai alors passé des tests de QI, de trucs, puis des examens ont révélé ma dyslexie. Un prof a heureusement rassuré mes parents en leur disant que ce n'était pas une fatalité d'autant plus que j'étais finalement à l'aise à l'oral, juste mauvais à l'écrit. Il fallait trouver le moyen de me stimuler autrement. »
Avais-tu des passions ?
Thibault Maunoury : « À 7 ans, mes parents m'ont mis au sport, je faisais de la gym : sol, barres fixes, barres parallèles ... J'étais un enfant plutôt ancré dans l'instant présent, je donnais tout le temps mon max dans ce que je faisais. Et puis, comme beaucoup de garçons de mon âge, j'aimais les super héros des comics books : Spiderman, Batman, etc ... Et les films avec Bruce Lee aussi ! Les chorégraphies de combats, l'univers des arts martiaux me fascinaient.
À 9 ans, j'ai débuté le karaté. Cette activité sportive est alors devenue une passion. Ça me permettait de me défouler et en même temps, ça m'apprenait à mieux contrôler mes émotions. Au collège, j'ai aussi fait de la natation en complément et, au lycée, j'ai commencé à faire de la boxe, du full contact.
Bon, après ... À la puberté, du fait de ma grande taille, j'ai dû arrêter la gym car je n'arrivais plus à faire certaines figures, mouvements. Mes jambes étaient trop grandes par rapport à mon buste ; par-contre, pour les sports de combats, avoir de longs membres c'est plutôt un avantage. J'avais commencé à me projeter sérieusement, à m'imaginer faire des compétitions, mais mes parents ne m'ont pas trop poussé à prendre cette voie ; leur priorité c'était le baccalauréat et surtout de me canaliser, que j'apprenne à dompter mon corps, à avoir une réflexion vis-à-vis de moi, de mes capacités physiques.
Les arts martiaux m'ont réellement appris à ne pas être quelqu'un de nerveux : je ne me fais jamais contrôler par mes émotions. Je m'énerve très difficilement. La violence, c'est, entre-guillemets : "pour les faibles, les petits" (rires). Non ... Ca c'était pour la blague ! ... Je constate juste que la violence est bien souvent le recours qu'ont les gens qui ne savent pas se maîtriser. Après, d'un point de vue social, quand on est grand, généralement, on ne nous embête pas. Pour ma part, soit on m'aime, soit on ne m'aime pas, mais on ne m'agresse pas. Quand je suis revenu en France à 19 ans, j'ai vécu deux-trois accrochages verbaux, mais je n'en suis jamais venu aux mains. »
La grande taille était-elle un sujet
de discussion récurrent dans ta famille ?
Thibault Maunoury : « Non, c'était un non-sujet car c'est génétique. C'est comme ça. Mon père mesure 1m96, ma mère 1m74. Je savais que j'allais être grand. À 12 ans, je mesurais 1m67, 15 ans : 1m85, 17 ans : 1m90. Aujourd’hui, je mesure 1m94, mais je n'ai jamais été mal à l'aise par rapport à ma taille.
À 15 ans, avec mes parents, nous avons emménagé en Nouvelle-Calédonie. Là-bas, les Kanaks et les Wallisiens étaient plutôt amusés de voir un gars blanc comme moi, de la même taille qu'eux, mais en version 'crevette', mon poids de forme ado était de 60 kg !
En vrai, c'est plus matériellement parlant que c'était "relou". Pour ça, j’ai toujours entendu mon père râler ! (rires) Râler, quand il trouvait une chemise qui lui plaisait, mais pour laquelle il n'y avait pas sa taille ; râler quant aux prix des voitures - il fallait économiser pour en acheter une grande pour nous quatre - ; râler quant au manque de place dans les avions - mon père est inspecteur dans l'aéronautique ; la classe 'éco' je l'ai toujours entendu la nommer la "bétaillère" - (rires) ... Il rouspétait aussi quant aux tailles de lits et puis, pour les tailles de chaussures, ça oui ! Je me souviens qu'une fois on avait parcouru de long en large une grande enseigne de chaussures. Il y avait des milliers et des milliers de paires, mais on en a trouvé aucune pour nous. On chausse du 48,5. Le vendeur n'a rien trouvé à nous dire. Il n’y avait : rien !
Pour résumer, la grande taille n'était pas un sujet en soi et grandir ne m'a jamais fait peur. Là où, j'ai toutefois réalisé que ma taille pourrait être un handicap dans ma vie, c'est en passant le permis de conduire : j'avais les genoux dans le volant ! Pendant les séances de conduite, on s'arrêtait régulièrement pour que je puisse marcher tellement j'avais mal aux hanches ! Oui, en vrai, être grand pour tout ce qui est matériel c'est loud, mais socialement, je n'ai jamais eu de problème. »
Tu pratiquais les arts martiaux,
est-ce de là qu'est née ta vocation
pour le métier de cascadeur ?
Thibault Maunoury : « Pas du tout. Ça ne s'est pas passé comme ça. À 9 ans, j'avais une seconde passion, certainement la plus importante à mes yeux de toute mon enfance et adolescence : le montage vidéo.
Mes parents avaient un vieux camescope, pour m'occuper, j'ai commencé à filmer mes jouets, mes peluches, ... J'avais toujours du mal à entendre et à lire et, en dessin j'étais nul. Mais là, j'avais compris qu'avec des images et du son, je pouvais raconter des histoires, que c'était un moyen pour moi de m'exprimer. Sur son ordi, ma mère avait le logiciel vidéo Pinnacle Studio ; c'est avec ce logiciel que je me suis mis à faire du montage. Comme j'étais très à l'aise avec, j'y passais des heures - assis - concentré -. J'avais trouvé le truc qui me canalisait, alors mes parents me laissaient faire, c'était un peu leur moment de répit !
Au collège, je me suis essayé aux effets spéciaux, puis au montage de clips. Au lycée, à force de faire des cuts et des effets et de me débrouiller plutôt bien, je me suis dit que ce serait peut-être intéressant de faire des études pour devenir monteur pro. C'est comme ça, qu'après mon Bac Littéraire option Cinéma, je suis revenu en métropole, à Reims, pour passer un BTS audiovisuel spécialisé dans le montage et la post-production avec le projet de devenir monteur / chef opérateur.
La comédie et les cascades, c'est venu bien après, par une suite de hasards et de rencontres. »
© Thibault Maunoury
métier :
métier :
Tu as 19 ans quand tu quittes la Nouvelle Calédonie pour Reims, pour faire un BTS audiovisuel et atteindre ton objectif de devenir monteur pro, ton rêve depuis l'âge de 9 ans. Comment, finalement, es-tu passé de 'derrière' la caméra à 'devant' ?
Thibault Maunoury : « Alors ... C'est un hasard incroyable. Durant ma première année de vie à Reims, j'ai eu l'occasion d'être présent sur un plateau de tournage semi-pro. J'étais en train de ramasser des câbles et j'ai demandé machinalement à un gars s'il pouvait m'en passer un qui était à côté de lui. Près de nous, il y avait un monsieur qui nous regardait faire. Il m'a interpelé et demandé si je pouvais répéter la phrase que je venais de dire ... J'ai été surpris de sa demande, mais bon ok, j'ai redit la phrase que je venais de prononcer : "Tu peux me passer le câble, s'il te plaît?" Il m'a demandé de répéter. J'ai redit "Tu peux me passer le câble, s'il te plaît ?" Cet homme était du Cours Florent de Montpellier. C'est un peu bizarre à dire ça comme ça, mais en fait, il avait kiffé sur ma voix, mon intonation aussi peut-être, alors que j'avais juste dit à quelqu'un (la voix de Thibault est naturellement grave) : "Tu peux me passer le câble, s'il te plaît ?"
Quelques jours après, il m'a contacté par téléphone pour me dire qu'il serait intéressant, selon lui, que je me présente au concours d'entrée du Cours Florent, au moins pour essayer. Nous étions en février 2018, l'idée, si ça m'intéressait, était de suivre le stage d'évaluation d'une semaine prévu en avril à Montpellier. Dans ma tête, sur le moment, je me suis dit, je suis venu en métropole pour faire des études audiovisuelles, le théâtre en soi ... Je n'étais pas forcément chaud, mais c'était l'occasion de voir comment se déroule le jeu sur scène, le fonctionnement, les coulisses, etc. Finalement, cela m'est apparu comme intéressant. J'ai fait le stage qui s'est bien passé. C'était cool.
Deux mois plus tard, j'ai reçu un e-mail du Cours Florent pour me dire que j'étais accepté, que le stage avait été concluant pour moi. Moi, à ce moment-là, j'étais plutôt en mode surpris : "Ah ?! Ok ! " (rires) Cette acceptation était valable un an, soit je faisais la rentrée immédiatement en septembre, soit à celle de l'année d'après. J'ai choisi de continuer mon BTS pour obtenir le diplôme de Monteur, raison pour laquelle j'avais choisi de venir étudier à Reims. J'ai donc fait ma deuxième année de BTS. C'était plus de pratique et moins de théorie et j'adorais ça. J'ai obtenu mon diplôme. Dans ma tête - et même pour mes parents -, c'était mission accomplie.
La question s'est alors vite posée de ce que j'allais faire ensuite. Une 3ème année pour obtenir une licence ? Je n'avais pas de stage de monteur à l'horizon, pas de contacts, aucune porte ouverte dans une boîte de production. J'ai repensé à ce stage validé au Cours Florent, je me suis dit, j'ai 21 ans, ce n'est pas incohérent de tenter une année d'étude dans un tout autre domaine. Avec l'aval de mes parents, on s'est dit "tente, tu verras ce que cela donnera ..."
J'ai alors déménagé à Montpellier, je n'avais pas de pression particulière, mais quand même une réelle envie de tout donner. J'ai suivi tout le cursus en ayant choisi la spécialité "théâtre - langue anglaise" pour jouer des rôles dans cette langue. Pour financer les Cours Florent, je faisais du montage et du cadrage à côté ; mes parents et grands-parents m'ont aussi aider financièrement à l’époque.
J'ai ensuite intégré l'école Le Quatrième Mur à Montepllier, dont le fondateur est un ancien prof du Cours Florent. Avec lui, je me suis spécialisé, formé au métier d'acteur et c'est comme ça que je suis passé de derrière la caméra à devant. En sortant de cette école, j'avais la casquette d'acteur 'cinéma & théâtre'. »
© Thibault Maunoury
Et les cascades ? On a très envie de savoir ... Comment, du jour au lendemain, tu te dis, je vais
- en plus - faire des combats à l'épée,
des chutes, rouler en feu sur une moto ?! ...
Thibault Maunoury : « Quand j'ai commencé les cours de théâtre, j'étais le premier à penser que les pièces 'classiques', c'était 'ringard'. Mais j'ai découvert les textes de Molière, de Shakespeare, qui m'ont fait changer d'avis ... J'ai joué Cyrano de Bergerac ... Et là, je me suis réellement éclaté car il faut bouger sur scène, c'est de l'expression, mais aussi de l'action ! » (grand sourire)
Cette pièce a été "LE" déclic,
la révélation ?! ...
Thibault Maunoury : « Je me suis rendu compte que le 'théâtre d'action', j'avais le bon profil pour ça. En parallèle des cours, je continuais les sports de combats, la boxe, notamment, et je me suis aperçu que je pouvais courir sur scène dans tous les sens, sans perdre mon souffle, ni altéré ma diction, ma voix. Bon, je jouais comme je pouvais, mais mon corps me permettait de gesticuler dans tous les sens, de faire des roulades, des chutes, de donner du rythme aux personnages !
Un jour, je suis arrivé en cours pour jouer avec un léger cocard (un mauvais coup à la boxe, j'avais fait un 'Sparring' la veille). Ma tête a bien fait rire le prof, mais, avec bienveillance, il m’a dit que bon, à l'avenir, pour jouer au théâtre, il faudrait que je fasse plus attention, que je ne pouvais pas me présenter sur scène, face à un vrai public, avec une telle tête ou un tibia pété ... C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience du professionnalisme qu'impliquait le métier de comédien. Dans ma tête pourtant, je continuais à penser que les arts martiaux c'était mon truc. Ca faisait plus de 13 ans que je pratiquais, je ne voulais pas arrêter ce sport.
En 2020, pendant le temps du confinement dû l'épidémie de Covid-19, ça m'a vraiment travaillé et j'ai pensé que le métier de cascadeur pourrait peut-être être le bon compromis entre toutes mes passions et que cela pourrait être plutôt cool.
Je me suis renseigné sur Internet, suivi quelques tutos et surtout pris contact un coach qui m'a entraîné, appris à faire semblant de donner des coups, à chuter correctement, sans me faire mal ...
J'ai ainsi intègré la 2ème année au Cours Florent en étant m'entraînant en parallèle. Intérieurement, je sentais de plus en plus que je tenais un truc intéressant pour moi, qui me permettrait de continuer d'avancer dans les métiers de l'audiovisuel, de la comédie tout en conciliant les sports comme les arts martiaux et le parkour.
À cette époque, j'ai rencontré Hadrien Poudevigne, avec qui je m'entraîne et travaille. Il est devenu mon meilleur ami. Ensemble, on avance, on progresse, on fait le métier qu'on aime. Il m'est important de le citer. »
On le voit dans le bonus de cette interview dans le 'Combat des Gentilhommes' (teasing...)
Thibault Maunoury : « Oui. Et toujours cette même année, j'ai eu cette chance incroyable et décisive de rencontrer Christophe Munuera (dit Mano), un ancien du Puy du Fou installé à Béziers, fondateur de l'association Alastyn Academy, spécialisée dans la formation professionnelle aux techniques de cascade pour le cinéma et le spectacle.
Christophe est devenu mon mentor. Je lui dois énormément. Il m'a appris tellement de choses, tellement de techniques : les combats d'épées, l'équitation, le spectacle d'action, etc.
Aujourd'hui, je vis grâce à lui. On fait des spectacles en saison. Cet été, je serais pendant deux mois à La fête médiévale de Carcassonne. À raison de trois spectacles par jour, on va plonger les spectateurs dans le Moyen-Âge avec des démonstrations de combats, des tournois de chevaliers, ...
Le montage a été mon premier métier, qui m'a aidé à financer mes études. Aujourd'hui, c'est mon second métier de comédien / acteur / cascadeur qui me fait vivre. En ayant pris cette voie, j'ai tout de suite eu des opportunités de travail et reçu mes premiers cachets, me permettant également d'obtenir le statut d'intermittent du spectacle, spécialisé dans le médiéval. »
Qu'est-ce qui te plait le plus
dans ces spectacles médiévaux ?
Thibault Maunoury : « Premièrement, j'adore l'histoire. Si je n'avais pas choisi ce cursus, peut-être que je me serais destiné à devenir prof d'histoire ... Et en vrai, je fais un métier sympa !
C'est sympa quand, après un spectacle, les gens du public viennent nous voir, que les enfants viennent nous demander l'autorisation de faire des photos "avec des chevaliers" ! Le truc des chevaliers, c'est les jeux que font tous les petits garçons, mais qui fascinent aussi les petites filles. C'est beau de voir leurs regards, leurs grands yeux ronds, ébahis devant nous, à nous regarder de la tête aux pieds. Quelles que soient aussi leurs origines ethniques ou culturelles, les enfants adorent tous ; ils sont le meilleur public, c’est d'ailleurs généralement eux qui amènent les parents. Ces spectacles plaisent à tout le monde et c'est gratifiant ! Les spectacles médiévaux, ce sont des chorégraphies très travaillées.
Et rétrospectivement, un truc qui me fait doucement rigoler, c'est qu'enfant, je jouais avec une épée en bois et c'est mon taf maintenant ! On peut dire qu'aujourd'hui je "checke" le gamin que j'étais ... Enfant, je rêvais devant le Seigneur des Anneaux, aujourd'hui, je participe aussi bien à ce genre de projets cinématographiques, qu'à des spectacles d'action incroyables ... Et c'est trop bien ! »
© Thibault Maunoury
Quelle est ta plus grande fierté ?
(Thibault est surpris par notre question)
Ou aurais-tu un sentiment de satisfaction
ou d'accomplissement à partager ?
Thibault Maunoury : « Wouah, de la fierté ... (silence) C'est fort, non ? Même un sentiment d'accomplissement ... C'est un peu tôt ? ... On en reparle dans 4 - 5 - 6ans ! (rires)
Non, je n'ai ni l'un, ni l'autre. Disons que le sentiment d'accomplissement, je ne l'ai pas encore. Par-contre, je suis profondément rassuré d'avoir trouvé la bonne direction pour moi. J'ai beaucoup galéré du fait de ma dyslexie. Durant mes études en BTS, j'ai trimé, au Cours Florent, j'ai trimé. Mais, je suis bien entouré, c'est ma chance.
Quand je regarde derrière moi, je suis content. Content de voir comment les choses ont finalement tournées. J'ai 25 ans et je me rends compte seulement maintenant du métier que je fais depuis quelque mois et du fait que je me trouve enfin sur le bon chemin. »
Le sentiment d'être en adéquation avec toi-même ?
Thibault Maunoury : « Avant j'avais le sentiment d'être dans le noir, d'avancer dans la nuit, de voir un panneau de direction, de le suivre puis d'arriver à une intersection qui m'indiquait 3 autres directions, avec le sentiment qu'il fallait revenir en arrière pour choisir une autre direction ...
Aujourd'hui, j'ai compris que j'avais trouvé le bon chemin et que maintenant, il fallait que j'avance, que je fonce et ce n'est que le début.Si je regarde un an en arrière, j'ai tourné dans trois films, dans deux séries télévisées, j'ai un quatrième film en projet ... Plus un projet dans le domaine des jeux vidéo ...
Je réalise que des choses auxquelles je n'avais jamais pensé plus jeune. Mon truc enfant, c'était le montage vidéo et les arts martiaux pour me défouler.
De là à, un jour, jouer dans un film en tant que comédien ou en tant que cascadeur, jamais je n'aurais pensé faire ça. Le hasard fait que je me suis retrouvé là, je suis parfois derrière la caméra, des fois mon taf c'est de faire de l'action et des fois de l'acting. Quand les gens m’appellent, ils savent qu'on peut faire des scènes dangereuses, c'est rare en France d'être spécialisé dans le spectacle et cinéma d'action. Les plus d'1m90, on nous compte sur les doigts de la main !
Au final, c'est une bonne tournure des choses. Ma famille me suit. Au début, ils étaient inquiets et sceptiques, mais ils ont su être et sont toujours derrière moi, ils me soutiennent, m'encouragent, c'est une force. J'ai aussi réussi à poser des bases saines. J'ai une vie saine, mon entourage est sain et mes parents me soutiennent et oui, on peut être cascadeur et de grande taille !
Quant à éprouver un sentiment de fierté ... Cela me parait vraiment ultra-fou de dire que je suis fière. »
Tu as évoqué la gratitude du public
et le sourire des enfants ...
Thibault Maunoury : « Oui bien sûr, bien sûr, oui !... (silence)
Je suis en train de penser au débat qu'il y a eu pendant la covid19 autour de la culture "essentielle - pas essentielle". J'ai également autour de moi entendu dire des gens que la culture ne servait pas à grand-chose. Cela m'a profondément marqué. Car oui, en soit, vu le contexte, ne pas se rendre au cinéma ou faire un sortie théâtre ... On pouvait différer. On n'était pas vraiment privé de culture ; il nous restait les livres, la télé, internet, ... : "Le temps de ..."
Pour moi, les métiers de la culture demeurent essentiels car ils contribuent à perpétuer, à maintenir en vie notre civilisation, notre vivre ensemble. Les textes, la littérature, la musique, la chanson, le théâtre, etc. représentent tout ce qui fait que nous sommes des êtres humains. Des raccourcis ont maladroitement été fait ; il y a eu de mauvaises interprétations, réactions, paroles à ce sujet. Dire que tout cela n'est pas important ...
(silence - il hésite, puis repend)
Non essentiel ... Non essentiel, ça dépend aussi "pour qui" et "sous quel angle" on regarde les choses, les êtres.
Dans de tels moments, on oublie que la culture peut être essentielle, voir vitale pour des gens. C'est délicat. Disons que j'en ai pris conscience en faisant du bénévolat en milieu hospitalier auprès d'enfants. Quand tu arrives dans un service habillé en chevalier ou en super héros, tu amènes la vie, le cinéma, le rêve. Ces enfants-là sont enthousiastes et éblouis. Ils voient arriver le personnage du film qu'ils ont vu, le héros de la BD ou du roman qu'ils ont lu. Cela démultiplie leur imaginaire, leur ouvre le champ des possibles, leur donne envie de lire encore plus, d'écrire, de continuer de rêver et d'avoir la volonté encore plus forte de guérir pour parcourir le monde ... La culture a aussi ce pouvoir salvateur.
Donc, dans ces moments-là, pour ces enfants-là, qui n'ont pas la même liberté que nous au quotidien, - ou même des adultes dans un tel cas - je trouve profondément injuste d'avoir fait le raccourci de dire "non essentielle".
Alors ... Quand - en plus -, tu entres dans une chambre en faisant une roulade ! ... Pff ... (sourire) »
Juste : "merci" de ce témoignage.
© Thibault Maunoury
Tes spécialités sont l'escrime, le combat à l'arme blanche, le combat historique ... Quelle est ta routine d'entraînement sportif ?
Thibault Maunoury : « Musculairement parlant, je fais de la callisthénie. Je ne suis pas hyper doué en soi, mais je fais beaucoup d’entraînement au poids du corps. Beaucoup de tractions, de poussés / tirés / gainés et de squats sous toutes les formes possibles. Je ne m’entraîne pas forcément tous les jours de la semaine mais à peu près tous les deux jours. Ensuite, à peu près deux fois par semaine, je fais des étirements (ce qui n’est clairement pas assez), histoire d’être un minimum souple.
Et puis le reste du temps je fais des drills avec mes épées et mes bâtons ; c’est-à-dire que j’exécute des combinaisons de mouvements dans le vide un peu comme des katas. Le but étant d’améliorer ma fluidité. De temps en temps, je me challenge un peu comme, par exemple avoir une arme dans chaque main afin de travailler mon ambidextrie.
Et tous les ans, dès l'arrivée du printemps, je me remets à faire de la course en extérieur afin d’améliorer mon cardio. Et puis voilà ! »
En coulisses, as-tu des anecdotes métiers liées à ta taille à nous partager ?
Thibault Maunoury : « Je n'ai pas trouvé de désavantages liés à ma taille dans mon métier, au contraire même : c'est plutôt apprécié.
Après, le vrai challenge, c'est de trouver des chaussures autres que celles de sport ! Je chausse du 48,5. Sur les tournages, les productions nous habillent intégralement, sauf qu'à ce jour, aucune n'a réussie à me fournir des chaussures à ma taille, alors, je joue avec les miennes.
Alors oui, des acnedoctes j'en ai quelques-unes ...
J'ai joué par exemple, dans la série télévisée "Demain nous appartient", je tenais le rôle d'un patient d'hôpital ; dans une scène, on me voit passer dans un couloir en chausson, sauf que c'était du 44, mes talons dépassaient (rires)
Sur une autre série, le chef costumier avait exprimé le fait qu'il vallait mieux que je ne sois pas retenu au casting car il n'avait pas trouvé de chaussures à ma taille. Il pensait que j'étais figurant ... Gros quiproquo qui s'est vite arrangé. Avec le chorégraphe de cascade, nous avons trouvé la solution : j'ai joué avec des bottes de pluie ! On s'adapte, on arrive toujours à trouver des solutions !
Sur un film, j'ai joué certaines scènes en chaussette alors que le personnage était censé porter des bottes en cuir, mais elles étaient vraiment trop petites et me faisaient vraiment très mal. Avec le cadrage, ce sont des détails que le spectateur ne voit. »
Magie du cinéma ! (rires)
Et pour les spectacles d'action ?
Thibault Maunoury : « Pour les spectacles médiévaux, ça a été financièrement un peu compliqué à mes débuts car, et c'est valable pour tout le monde, c'est à toi d'avoir ton propre équipement. Parfois, on te le prête, mais dans mon cas, il a rarement été adapté. Alors chaque mois, je mets de côté pour acheter un nouvel article, accessoire, renouveler mon matériel.
Après, dans la vie de tous les jours, les vêtements grande taille sont faciles à trouver au final. Le problème parfois est que quand les épaules sont nickels, la taille est parfois plutôt ample, je flotte beaucoup dans mes t-shirts.
Au quotidien sinon, maintenant que je gagne ma vie et que je suis en métropole, je n'ai jamais eu autant de paires de chaussures (sourire). Depuis peu, j'en ai 5 ! J'en prends extrêmement soins, les cires, les répares quand il le faut. »
© Thibault Maunoury
Fête médiévale
Filmographie
2020
Un si grand soleil l Série TV l Rôle : Jordan Vassal
2023
Les Sentinelles l Série TV l Rôle : Soldat allemand
Le Temps d'aimer l Film l Rôle : GI américain
très prochainement ...
Monsieur Aznavour l Film l Rôle : Fugitif russe
Toutes pour une l Film l Cascades
Stars Wars Eclipse l Jeu vidéo l Casacades
Balle perdue 3 l Film l Cascades
Les Disparues de la gare l Téléfilm
Bonus...
2024
Le Combat des Gentilhommes
Personnages : Hadrien Poudevigne & Thibault Maunoury
Caméra : Enzo Menconi
Montage, VFX et mixage audio : Thibault Maunoury
Costumes et sabres lasers : Darthzelphir
Musiques et bandes-sons :
- Petit Ours Brun de Henri Dès
- Booms and Blades de Godefroy Ryckewaert
- Faut Que Ça Sorte de ZigZagCrew
- Gigachad Theme Song but its by Hans Zimmer {Can you Feel My Heart} Epic Orchestra version de Carameii
- Kaaris AI COVER Maison Citrouille de Humanoïde
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